rustiques


02/08/2014

L'ancien poilu qui a craqué sur la tombe de son fils

 

guerre 14-18François Porté est un ancien trébéen, 94 ans mais toujours alerte, l'esprit vif et la parole facile. Il est souvent au boulodrome de Trèbes où tantôt il tape la belote avec ses copains, tantôt assis à l'ombre il regarde évoluer les pétanqueurs.

On sait que les poilus qui ont eu la chance de revenir de la grande guerre n'aimaient pas raconter ces quatre années vécues dans l'enfer des tranchées. François au cours de sa vie à su retirer de son père quelques souvenirs et a eu la gentillesse de nous en faire profiter.

sept ans sous les drapeaux

Léon-Joseph Porté (1888-1968) a vécu sept ans sous les drapeaux. Il a d'abord effectué son service militaire (3 ans) dans les 3 ème Zouave à Bizerte à l'époque de la première pénétration du Maroc par le maréchal Lyautey. Au retour du Maroc, il se marie, mais la lune de miel ne durera que quelques mois. La guerre éclate, c'est la mobilisation générale du dimanche 2 août 1914.

Léon-Joseph parti au front , sa jeune épouse ne peut rester seule à Trèbes et vient habiter chez ses parents à Rustiques au domaine de la Commanderie.

Début 1915, il apprend qu'il est papa d'un petit Adrien, Hélas quelques mois plus tard il apprendra le guerre 14-18décès de son fils, victime d'une bronchite capillaire, mais malgré toutes ses démarches il n'obtiendra aucune permission, qui lui aurait permit de soutenir sa jeune épouse.

A Ypres (Belgique) en 1917 il est blessé, une balle de mitrailleuse, lui a traversé le casque et une partie du crane, il fera 9 mois d'hôpital, mais refusera d'être trépané, car l'on disait alors qu'après la trépanation souvent on devenait fou.

 Verdun et la Somme

Revenu sur le front il participe à la terrible bataille de Verdun : « on se servait des cadavres pour faire des parapets de protection » . C'est à cette époque là d'ailleurs qu'il aurait pu mourir de faim : une nuit au cours d'une attaque il tombe la main dans un cadavre décomposé. A cause de cette odeur pestilentielle qui ne le quitte plus pendant des jours il ne peut plus manger, c'est au bout de quelques jours et grâce à la solidarité de ses copains qu'il retrouvera peu à peu le goût à la vie.

Il a participé également aux batailles de la Somme : « Pour revenir au repos, à l'arrière du front, raconte il, il fallait qu'il y est 70 % de perte, afin de reformer une compagnie qui repartait au combat.

Léon Joseph Porté sera démobilisé début 1919 et sera garde champêtre de Trèbes dans les années suivantes.

Son fils François raconte : « En 1928, au cours de sa tournée, j'avais 8 ans, il m'a amené au cimetière de Rustiques sur la tombe de mon frère (ce fils qu'il n'a jamais connu) et là pour la première fois de ma vie j'ai vu pleurer mon père ».

guerre 14-18

Leurs aïeux ayant habité La commanderie, Cordes et Canet, la famille Porté à plusieurs tombes à fleurir au cimetière de Rustiques

 

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12/05/2014

Honneur au Bataillon Minervois

 

En ce jour de l'armistice la municipalité a fêté avec solennité le 70 ème anniversaire du DSCN0546.JPGBataillon Minervois qui a été créé en août 1944 à Rustiques.

Toute la population s'est rendue route de Laure, devant la stèle honorant ce bataillon d'engagés volontaires qui a repoussé les Allemands jusqu'à Berlin et l'armistice le 8 mai 1945.

C'est en présence d'un piquet d'honneur du 3 ème RIMA, des derniers anciens du Bataillon, des fils du général Bousquet, de Gérard Schivardi dont le père a combattu dans ce bataillon, que le maire de Rustiques Charles Mourlan et Henri Miquel président des anciens du Bataillon Minervois ont déposé une gerbe au pied du monument.

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Les anciens du Batailon Minervois

 

Le maire a lu le manifeste des anciens combattants puis M. Henri Miquel a rappelé : « ces combats auxquels nous avons eu la fierté de participer et qui éveillent dans nos cœurs des souvenirs glorieux ». Il a également évoqué le livre de Claude Subreville retraçant cette épopée (le livre est en vente à la mairie, 11 €)

Le fanion aura sa place au musée du village

Moment émouvant par la suite, sur la place portant le nom du Bataillon, devant la population et toujours en présence des soldats du 3 ème RIMA M. Henri Miquel a remis au maire de DSCN0571.JPGRustiques le fanion du Bataillon . Ce fanion qui a traversé l'Allemagne à la tête de ses soldats aura désormais sa place dans le musée et c'est notre village qui perpétuera désormais le souvenir du Bataillon Minervois et de ses combattants.

Un apéritif offert par la municipalité, réunissait ensuite toute la population au foyer municipal, puis un repas était servi dans la Maison du Parc. Les personnes de plus de 70 ans étaient invitées gracieusement.

A la fin du repas tous les convives ont entonné en choeur le chant du Bataillon écrit par le commandant Piquemal dans le train au retour d'Allemagne

 

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11/12/2013

Des carrières de marbre... aux palais royaux

 

La salle de la Maison du Parc était comble pour accueillir M. Jean-Louis Bonnet, qui était ce samedi l'invité de l'association du patrimoine afin d'animer une vidéo-conférence sur les marbres du Languedoc et des Pyrénées.

DSCN9963.JPGAprès avoir fait un bout d'histoire sur le village, Jean-Louis Bonnet a évoqué l'exploitation des nombreuses carrières de marbre du Minervois qui vont de Caunes à St Pons, exploitées depuis les romains et dont certaines sont en activités aujourd'hui. La pleine époque de cette exploitation fut sous les règnes de Henri IV à louis XIV, et le château de Versailles à fait honneur à ce matériau noble. Les façades du Grand Trianon sont scandées par une impressionnante quantité de pilastres, 277 au total en marbre rouge incarnat de Caunes.

Sur le grand écran, les spectateurs ont pu admirer des pièces uniques qui ornent ces palais royaux.

M. Bonnet a raconté l'histoire d'un personnage très important, l'abbé et seigneur de Caunes qui au cours de ses nombreux voyages à Rome a ramené des marbriers italiens qui pour la plupart se sont installés définitivement dans notre région.

Ces carrières de marbres donnaient du travail à quantité de main d’œuvre, les marbriers, les traceurs, les sculpteurs et tous ceux employés aux transports. Les marbres étaient descendus à Puicheric, embarqués sur le canal du midi jusqu'à Bordeaux, puis sur les gros bateaux en Atlantique avant de remonter la Seine jusqu'à Paris.

A la fin de la conférence Henri Ruffel le président de l'association du patrimoine a invité l'assemblée à partager le verre de l'amitié.

conférences

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29/01/2013

L'histoire du Bataillon Minervois racontée par Claude Subreville

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En novembre il animait une conférence sur l'histoire du Bataillon Minervois qui a vu le jour en août guerre 39-451944 dans notre commune. Claude Subreville s'est tellement pris au jeu (et ceux qui le connaissent n'en seront pas étonné) qu'il a ressenti après cette mémorable soirée comme un goût d'inachevé, et a voulu continuer d'explorer ce sujet passionnant, recueillant chez les derniers survivants de ce bataillon (9 sur 550) des faits, anecdotes etc. D'où l'idée d'écrire un livre. 

Claude Subreville a lu tout ce qui a été écrit sur cette glorieuse épopée, puis il a pris son bâton de pèlerin, allant à la rencontre de ces engagés volontaires qui avaient alors 17 et 18 ans en 1944. Des anecdotes il en a recueilli beaucoup, à Tourouzelle chez Henri Miquel, à Villeneuve Minervois chez Georges Bigou, à Toulouse chez Jean-Paul Bousquet. (fils du général du même nom).

Le coq de Niffer 

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Ainsi Georges Bigou raconte : «  A environ un Kilomètre de Niffer, tous les matins, nous entendions le coq de Niffer qui annonçait le lever du jour et chacun s'était promis de le manger dès la prise de ce village... il n'en fut rien, car d'autres nous avaient précédés ! » Un peu plus loin : « Dans un bois de sapin, le cuistot achevait d'installer sa roulante avec par terre et pêle-mêle, de grosses miches de pain gris, pommes de terre et quartiers de viande déposés dans la nuit...Notre cuistot insistait et s'inquiétait, car le bois humide empêchait le feu de prendre...jusqu'au moment où un peu de fumée monta au dessus des arbres... La réponse fut rapide car quelques obus s'abattirent autour de la roulante et nos victuailles furent saupoudrées de terre et de neige ».

C'est avec beaucoup de fierté que ces anciens soldats volontaires racontent comment, en détruisant de nombreux canons dans les gorges près de Fribourg, ils ont ouvert le passage aux chars de la 2e DB du général Leclerc.

 

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Et cest aussi avec beaucoup d'émotion que Henri Miquel évoque ce souvenir : « Un jour dans la Forêt Noire, à quelques jours de la victoire, au cours d'une pause, j'étais assis sur le sol, le dos calé contre un talus...un jeune prisonnier allemand vint s'asseoir à mon coté, je voulus le lui interdire car il pouvait saisir mon arme, mais quand je vis son jeune visage, ( il devait avoir 15 à 16 ans) et son air fatigué, (il devait avoir fait plus de 100 kilomètres avec des bottes manifestement trop grandes), je le laissais faire, je lui fit un sourire pensant que si nous n'étions pas en guerre nous pourrions être de bons amis et deviser de sujets de notre âge:le sport, les filles, le cinéma... 

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Il s'affala sur le talus, ferma les yeux et son visage refléta une grande souffrance et ...la pause terminée, les prisonniers se remirent en colonne mais mon voisin ne bougea pas, il était mort, sans un mot sans une plainte, guerre 39-45mort de fatigue, de détresse et peut être de faim, mort loin de ses parents et de ses amis, loin de quelqu'un qui aurait pu lui tenir la main... ». 

A noter que deux valeureux Rustiquois ont participé à cette épopée du Bataillon Minervois: Paul Boisson et Charles Mourlan. 

Le livre de Claude Subreville sera édité par l'association du Patrimoine de Rustiques qui avait organisé la conférence et prêté son concours pour la collecte des documents.

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17/11/2012

Le Bataillon Minervois évoqué avec émotion

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Parmi les 170 personnes qui assistaient à la conférence retraçant l'histoire du Bataillon Minervois, ils étaient là, les 9 derniers survivants qui avaient 17 ou 18 ans, quand ils se sont engagés en septembre 1944.

DSCN7464.JPGClaude Subreville qui animait cette conférence a été un parfait relai entre les divers intervenants, qui ont fait revivre avec beaucoup d'émotion l'épopée glorieuse de ces engagés volontaires. Tour à tour ont été évoqués l'occupation à Tourrouzelle et à Rustiques, en particulier au château de Canet, puis quelques faits d'armes des maquisards comme celui de Guillomet qui au lieu dit "la Tuilerie"près de Villeneuve Minervois a sauté tout seul sur la route avec sa mitraillette pour bloquer un camion allemand.

Henri Miquel a raconté avec forces anecdotes ces huit mois passés avec ses camarades à travers l'Alsace, la prise de Mulhouse, le franchissement du Rhin le lundi 9 avril 1945, les combats les plus rudes dans la forêt noire. Il fallait parfois franchir des cols à 1400 m d'altitude, dans la neige et lourdement chargés. Malgré leur jeune âge les combattants audois n'en perdaient pas leur sang froid, ainsi DSCN7472.JPGcet obus tombé à quelques mètres de la roulante sans faire de blessés et le cantinier impassible qui continue à servir ses camarades en disant: "celui-ci il n'est pas tombé loin". Jean-Paul Bousquet est intervenu à plusieurs reprises pour évoquer les souvenirs de guerre de son père le général Bousquet natif de Rieux Minervois.

Deux rustiquois s'étaient engagés dans le bataillon Minervois, Paul Boisson et le sergent Charles Mourlan, celui-ci inscrivait des notes chaque jour sur un carnet, celles-ci (du mois d'avril 1945) laissent penser que la fin de la guerre est proche: samedi 21 avril: 2 ème journée d'attaque toujours en montagne nous franchissons un col très pénible nous prenons....patelin que nous occupons. Les civils nous regardent avec une peur affreuse, tout est à notre disposition. Des prisonniers français sont libres et avec quelle joie "enfin vous voilà". DSCN7471.JPGDimanche 22: les boches fuient nous avons du mal à conserver le contact, toujours des prisonniers, nos blindés avancent à toute pompe. Nous arrivons dans des patelins où les maisons flambent, les civils agitent des drapeaux blancs, femmes et gosses tout le monde pleure mais nous leur montrons que nous sommes moins sauvages que les boches. Jeudi 26: la marche continue toujours en montagne, nous faisons des prisonniers qui eux aussi en ont marre mais celà ne nous empêche pas de les prendre comme porte-faix, nous gravissons un sommet de montagne de 1426 m d'altitude très pénible dans la neige, mais nous l'avons eu quand même. Dimanche 29: dimanche passé à St Margen nous avons toujours du mauvais temps et de la neige mais nous apprenons que la division qui est devant nous se rend, nous assitons à un défilé de 8 à 10000 boches. Lundi 7 mai: KRIC FERTICCK fin du cauchemar.

La chorale Allegro de Trèbes a illustré cette soirée par des chants de DSCN7474.JPGcirconstances, comme le Chant des Partisans, Nuit et Brouillard et l'émotion fut à son apogée lorsque la salle debout entonna avec les choristes le Chant du Bataillon Minervois écrit lors du retour d'Allemagne par le capitaine Piquemal.

Au travers de poèmes pleins de sensibilité, deux jeunes rustiquoises lauréates du concours de la résistance Laurie Fourniaudou et Ophélie Villard ont prouvé que la jeunesse ne restait pas insensible à cette période sombre de notre histoire.

La soirée s'est terminée par l'intervention du Maire Charles Mourlan (fils du sergent) qui a remercié chaleureusement tous les intervenants, Claude Subreville qui a animé cette soirée avec brio et qui a fait avec Henri Ruffel le président de l'association du patrimoine un travail remarquable de recherches et d'organisation.

Photos: Au premier rang de l'assistance les anciens du Bataillon Minervois

Claude Subreville qui a animé cette conférence

Henri Miquel le président des anciens du Bataillon

Les deux lycéennes: Laurie Fourniaudou et Orphélie Villard

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Les intervenants: De G à D: Claude Subreville, Francis Mourlan, Henri Miquel, Jean-Paul Bousquet, Henri Ruffel


 

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03/11/2012

Le Bataillon Minervois à l'honneur le 10 novembre

 

En retraçant l'histoire du Bataillon Minervois le 10 novembre à 16 H 30, l'association du patrimoine de Rustiques présidée par Henri Ruffel, va nous ramener 68 ans en arrière dans une des périodes les plus sombres de notre histoire.

24 août 1944: le maquis du Minervois attaque une colonne Allemande au col de Salettes, au nord de Bataillon Minervois (dessein).jpgCitou. Le chef de maquis Vignon de Caunes est tué. Cette attaque marque la fin des combats dans le département de l'Aude. Mais la lutte continue...

En septembre le "QG" de la résistance du Minervois s'installe au château de Septsérous (Badens). Les premiers engagements pour la durée de la guerre s'effectuent dès le 12 septembre 1944. Les volontaires affluent de tout le minervois mais aussi de Lézignan, Narbonne, Limoux, Quillan... Certains jeunes qui n'ont pas 18 ans trafiquent leurs cartes d'identité pour s'engager. Les volontaires sont cantonnés dans un rayon de 3 Km dans les châteaux de Rustiques, Canet et Septsérous. Le 1er novembre c'est le 1er défilé du Bataillon Minervois sur les bataillon01.jpgboulevards de Carcassonne. Ils embarquent en gare de cette ville le 23 décembre en direction de Vésoul (Haute Saône) Un entraînement court mais intensif dans le camp du Valdaon et ils partent au front.

Au cours de la conférence Henri Miquel, président de l'association et ancien du bataillon (il avait 18 ans en 1944) évoquera les rudes combats de la campagne d'Alsace dans la neige et le froid glacial, la prise de Niffler avec les premières pertes (tués, blessés et disparus), les terribles combats de la forêt Noire et la rencontre avec les prisonniers et déportés libérés par l'avance des toupes alliés. Sur 550 engagés le Bataillon Minervois a eu 55 tués au combat. Cette conférence qui sera animée par Claude Subreville sera l'occasion de leur rendre hommage. Il y avait dans l'effectif du bataillon deux rustiquois Paul Boisson qui se suicidera peu après son retour et le sergent chef Charles Mourlan décédé en 1980 à L'âge de 71 ans.

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Participeront au cours de cette conférence, Jean-Paul Bousquet, fils du général Bousquet, les jeunes lycéens rustiquois lauréats du concours national de la résistance, Francis Mourlan qui évoquera l'occupation allemande à Rustiques et le groupe vocal Allegro de Trèbes.

samedi 10 novembre à 16 H30 au foyer municipal. Entrée gratuite.

Photos:  Le bataillon défile sur les boulevards de Carcassonne, à sa tête le capitaine Piquemal (il était instituteur à Citou)

Le groupe de mitrailleurs commandé par le segent chef Charles Mourlan (3 ème en haut en partant de la Droite)

 

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16/08/2012

Francis Carbonnel raconte l'occupation au domaine de Canet

 

Craignant un débarquement sur nos cotes (les alliés ayant débarqués en Afrique du Nord), les Allemands ont franchi la ligne de démarcation le 11 novembre 1942. Ils occupèrent le village de Rustiques et les domaines voisins, Canet, Septsérous.

Carbonel 004.jpgFrancis Carbonnel, ancien enseignant du collège de Trèbes, fils du régisseur de Canet avait alors 10 ans. Il nous raconte l'occupation du domaine: "Dès que les Allemands sont arrivés dans la région, une circulaire du maire nous a prié de rapporter toutes les armes et fusils de chasse à la mairie. Le propriétaire de Canet Monsieur Mercadier habitait Béziers, il avait de très belles armes de collection au domaine. En accord avec lui nous avons tout mit dans des sacs en jute et nous sommes parti mon père et moi jeter le tout dans le canal du midi à St Julia.

Quand les Allemands ont envahi le domaine ils ont tout de suite voulu occuper le château mais mon père leur a dit qu'il n'avait pas la clef. Première grosse peur pour mon frère Jacques et moi même, quand nous avons vu passer notre père encadré par deux Allemands très menaçants. Il a bien fallu se plier à leurs ordres et faire un simulacre. Notre père est parti en vélo, la clef dans la poche chercher celle-ci à la rencontre de son patron qui venait de Béziers. L'incident clos le capitaine et son état major se sont installé dans le château alors que le reste de la troupe (environ 60 hommes) prenait leur quartier dans les maisons de vendangeurs. Les allemands avaient installé des latrines à 200 m de la ferme et bricolé une douche à coté de l'écurie ce qui posait un problème pour l'éducation des enfants du domaine puisque tous les soirs il y avait 3 ou 4 soldats à poil qui attendaient leur tour. Quand je passai avec mon père celui-ci me tenait toujours la tête tournée de l'autre coté. Chaque matin il y avait le rapport dans la cour, à midi on leur apportait la soupe du domaine de Septsérous distant de deux Kilomètres, il n'y avait pas de roulante à Canet.

LES ALLEMANDS SUR LEUR GARDE

Le domaine étant dans une cuvette entourée de bois, propice aux attaques de maquisards, les occupants étaient toujours sur le qui vive. Ils avaient sécurisé le domaine en installant des postes de mitrailleurs sur les hauteurs alentours. Il reste encore le vestige d'une tranchée, où la sentinelle qui était postée prenait en enfilade le chemin de Rustiques sur 300 mètres. Dés qu'ils sont arrivés les Allemands ont fait tuer tous les pigeons, craignant que l'on ne s'en serve comme moyen de communication. Pendant les 18 mois d'occupation ils ont refusé de boire l'eau du puit, seule source d'eau potable du domaine par crainte que celui-ci soit empoisonné par les maquisards. Ils avaient dans la cave un stock énorme de bouteilles de perrier". Quand ils sont parti en août 1944, la famille Carbonnel et les employés du domaine ont bu du perrier pendant plus d'un an.

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Dans la colline en face qui n'était pas boisée comme aujourd'hui, il reste l'emplacement du fusil mitrailleur qui prenait en enfilade ce chemin de Rustiques

        suite

 

Francis Carbonnel 10 ans nous raconte l'occupation du domaine en 1943-44:"Les Allemands étaient Louis Carbonnel (1907-1993).jpgtrès disciplinés et ont toujours étaient très correct, comme à Rustiques d'ailleurs où ils avaient comme commandant un pasteur. Ils respectaient notre père qui était le régisseur du domaine . Chaque matin le capitaine saluait le régisseur et lui demandait si ses soldats avaient été corrects.

Mon frêre et moi nous étions étaient très impressionnés quand nous les entendions dans le bois voisin de Rambouillet marcher en cadence en chantant leur célèbre chant. Ils s'entraînaient au tir dans le terrain de foot de Rustiques que nous traversions tous les jours sur le trajet de l'école. Nous revenions souvent les poches pleines de balles à blanc et de grenades qui venaient de servir pour leurs exercices et qui allaient être l'objet de nos jeux. Quelques jours après leur départ, dans la prairie de Rouïre à 500 mètres du domaine nous avons retrouvé un poteau d'exécution et une fosse le jouxtant.

MOTUS ET BOUCHE COUSUE

Les Allemands avaient peu de rapport avec les ouvriers qui continuaient leur travail habituel. Pour nous c'était motus et bouche cousu, on essayait de communiquer le moins possible et d'en faire le minimun. Certains soldats montraient leur hostilité envers Hitler, mais nous ne montrions aucun sentiment craignant toujours un piège. Il est arrivé que passant devant notre cuisine ils nous entendent écouter radio Londres et jamais ils ne nous ont fait de remontrances à ce sujet. Je pense que nous avons peut être eu de la chance, nous n'étions pas tombé sur les plus méchants.

Après le débarquement en Normandie les occupants sont devenus de plus en plus fébriles. Un soir un officier radio qui parlait le français aussi bien que nous a fait irruption dans notre cuisine nous demandant de cacher vite cette valise. Notre père craignant qu'elle ne Canet les ramonetages.jpgcontienne une bombe est allé vite la planquer au fin fond de la cave. L'officier est revenu quelques temps après réclamer son bien. La valise contenait des habits civils: parlant bien le français et sentant la débacle prochaine, cet officier avait peut être décidé de changer de camp.

Les derniers temps, les Allemands n'étaient même plus ravitaillés, les estomacs étaient vides , le moral dans les chaussettes, et les maquisards les traquaient. Comme à Rustiques et Septsérous, ils ont quitté Canet le 15 août 1944 abandonnant deux véhicules après les avoir saboté. Un dernier Allemand est resté avec sa moto un jour de plus, il se montrait menaçant, on a réussi à le faire partir en lui donnant un sandwwich".

Deux jours après sur la route de Béziers à hauteur de la Croisade, un convoi Allemand a été mitraillé et entierrement anéanti, il est difficile d'affirmer que c'était les occupants de Rustiques et Canet. Pendant plusieurs années les carcasses des véhicules brulés sont restés au bord de la route.

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Photo: _  Louis Carbonnel (1907-1993) en 1960 avec ses petits enfants. Il était le régisseur du domaine

          _  Le domaine de Canet peu après la guerre

(cliquez sur les photos pour les agrandir)

 

 

 

 

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01/08/2012

La commanderie était habitée au 13 ème siècle

 

Il y a de nombreuses commanderies en languedoc-Roussillon et en particulier dans l'Aude. Une des plus anciennes est celle de Pexiora (1100-1101). La commanderie de Rustiques a été mentionnée en 1259. Elle a été créée par les moines hospitaliers de St Jean de Jérusalem qui avaient fondé une dépendance de la commanderie d'Homps.

Ce sont les moines templiers et hospitaliers qui habitaient les commanderies. Au départ ces croisés avaient un but: la libération du tombeau du Christ et de Jérusalem pris par les Turcs.

Comment été la vie quotidienne dans une commanderie ? Les journées sont rythmées par la prière. Au réfectoire, les frères doivent rendre grâces à Dieu à chaque fin de repas. Ils absorbent leur nourriture dans une écuelle pour deux et chacun n'a pour couvert qu'un couteau. Ils ne parlent pas sauf le frère désigné pour la lecture à haute voix des textes sacrés. Généralement le repas du templier est frugal, composé de pain, de légumes divers, et de soupe. Le dimanche et les jours de fête un repas de viande vues du village 005.jpgest servi.. Chaque frère a droit à environ un quart de litre de vin. Cependant les malades ont droit à des aliments qui rendent la santé et ils sont traités en paix et avec soin par le moine infirmier. Il en est de même des frères agés.

Les frères défunts sont inhumés dans le cimetière de leur commanderie dans un simple linceul. On peut visiter le tombeau des commandeurs qui est adossé à l'église de Rustiques. On peut voir à droite du portail d'entrée de l'église, deux enfeus géminés. Au pied de chaque enfeu est aménagée une tombe de 2 mètres sur une largeur de 0,40. Au cours de la restauration du tombeau, on a pu constater que 9 corps était inhumés dans la tombe coté église et 4 dans celle coté cimetière. Lors de cette restauration, des fouilles ont permis une datation d'après les monnaies d'une utilisation dés le 12ème siècle (à voir au musée).

Dans les commanderies on produisait du blé de l'orge, du vin, arbres fruitiers, choux, fèves. On y élevait les chevaux qui allaient servir aux chevaliers.

A noter: pour en savoir plus lire le livre de Jeanine Redon "Sur les traces des templiers et des hospitaliers".

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Notre ami Tinus fait visiter le patrimoine historique du village en habit des moines hospitaliers

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 Le tombeau des commandeurs tel qu'il était avant sa restauration